Les « maladies » qui concernent le système génital, qu’elles soient d’origine virale comme l’herpès, bactérienne comme la blennorragie ou la syphilis, ou bien dues à un champignon comme les mycoses, ont pour conséquence directe d’empêcher ou de rendre la sexualité, physiquement (douleurs, sensibilité) ou psychologiquement (culpabilité) difficile.
Nous sommes ici très clairement en présence d’une difficulté à vivre la sexualité ou ce qu’elle représente. Le choix de ces maladies permet d’avoir une raison « valable », à nos yeux ou à ceux du partenaire, pour « ne pas pouvoir ». L’excuse est majeure puisque physiquement manifestée. Nous sommes nous-mêmes gênés par elles. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, du manque d’envie. Du moins est-ce ce que nous pensons sincèrement et de façon consciente.
Mais que se passe-t-il en nous ? Quelle est notre insatisfaction dans notre relation à l’autre, à la vie ou au plaisir ? Sommes nous trop préoccupé(e)s, sérieux(es) ? Avons- nous de la difficulté à accepter un rapport agréable et productif à la vie ? Pensons-nous qu’il n’est possible d’enfanter que dans la douleur ? La relation avec l’autre est-elle difficile, désagréable de son fait (état infectieux) ? Voilà autant de questions non exhaustives, qu’il peut être bon de nous poser.
À la différence de l’impuissance ou de la frigidité, qui signent l’incapacité mécanique et l’impossibilité due à la machine (nous sommes impuissants mais victimes), les maladies qui touchent au système génital renforcent l’idée de culpabilité et d’interdit. Elles sont en effet contagieuses et ne sont pas « spontanées ». Elles ont donc été contractées « ailleurs ». Ici, nous ne sommes pas impuissants mais rendus, du fait de notre comportement, contagieux, donc douteux et par conséquent le frein à une sexualité libérée en devient la facture, « aggravée » dans le cas des maladies sexuellement transmissibles. Serions-nous alors dans la recherche du pardon de l’autre ? Ou bien cette facture que nous semblons payer, est-elle en fait, un compte que nous réglons avec cet autre ?
Les maladies dites « sexuellement transmissibles » par exemple la blennorragie ou la syphilis vont un cran plus loin. Du fait même de la façon de les contracter, elles représentent souvent des autopunitions, inconsciemment provoquées par une culpabilité face à une activité sexuelle développée en dehors des normes reconnues par la personne ou son environnement. Cette culpabilité, consciente ou non, l’amène à se punir elle-même par un « acte manqué » si j’ose dire et à rencontrer sexuellement celui ou celle qui va lui transmettre une maladie « honteuse ». La plupart du temps, elles nous ont été transmises « à notre insu ». Une notion profonde de trahison, venant aggraver la culpabilité future, s’inscrit alors. La relation sexuelle devient un moment risqué, dangereux. Le plaisir devient lui aussi un risque pour lequel nous pouvons aller alors jusqu’à l’interdit inconscient. Au moins pour un temps, n’y avons-nous plus droit !